BD : Post-apocalyptique - Jérémiah




Il y a des séries comme ça, d’un style à part, dont on a l’impression qu’elles ont toujours été là (euh, depuis 30 ans quoi…). Jérémiah, le western post-apocalyptique, est l’une d’entre elles. Le 29e tome de la série vient de paraître, au titre évocateur : Le petit chat est mort. Connaissant Jérémiah et son fidèle acolyte Kurdy Malloy, on aurait dû ne pas s’ennuyer… Mais voilà. On “aurait” dû. Toute la nuance est là. Et pourtant on s’ennuie. Et ce depuis une dizaine de tomes, même. Le problème, c’est que je suis invariablement déçue depuis quelques années par les Jérémiah… Trop d’attentes de ma part ? Les ficelles du scénario d’Hermann s’épuiseraient-elles ?

Le monde de Jérémiah, c’est le retour de la loi du plus fort. “Le monde est redevenu vaste depuis la grande lessive” (Kurdy)… La grande lessive, c’est-à-dire les atomiques qui “nettoyèrent” les USA au terme d’un conflit inter-racial (Blancs contre Noirs contre Rouges contre Blancs, tout un programme !…).  La civilisation connut alors un recul d’une centaine d’années et le pays redevient l’ouest sauvage de ses origines.
Jérémiah fut élevé dans un fort, Bends Hatch, parmis ceux qui essayaient de s’organiser pour mieux survivre, retrouvant les gestes d’antan pour cultiver leurs terres sans l’aide d’outils mécaniques. Il a reçu une “bonne éducation” auprès d’une vieille tante plutôt prude. Sorte de naïf boy scout à ses débuts, il s’endurcira au fil des albums, tout en gardant plus au moins une éthique et une haine des injustices. Rescapé du massacre des siens par des preneurs d’esclaves alors qu’il était encore adolescent, il fit alors la rencontre, plutôt chaotique, de Kurdy Malloy, jeune voyou de son âge voyageant sur une mule odorante joliment baptisée Esra. Malgré des débuts difficiles, Kurdy ne peut s’empêcher de sauver la vie de son nouveau compagnon de route. Tout en sachant qu’il fait une connerie. Ce que lui signifie  immédiatement les responsables  de l’attaque sur Bends Hatch en se lançant aux trousses de ces témoins gênants, les liant irrémédiablement.



Jérémiah, le “bon garçon”, et Kurdy, le voyou adepte des coups fourrés, alliés pour le meilleur et le pire malgré leurs différences se retrouvent en fait sur un élément essentiel : l’errance. Ni l’un, ni l’autre ne sont vraiment disposés à poser leurs sacs.
 
Les deux amis voyagent donc aux fils des albums au travers de ce pays dévasté, se heurtant à tout ce que la connerie humaine peut produire : racisme, dictatures, abus de pouvoirs, injustices, sectes, violences, profiteurs,… Parfois redresseurs de torts, parfois essayant simplement de survivre, toujours avec cynisme et humour (pour cela, Kurdy est le meilleur… j’avoue c’est mon personnage préféré), les deux compères continuent leur route à la recherche d’un “paradis perdu” hypothétique, dont eux-même ignorent ce à quoi cela pourrait correspondre. Les caractères, même s’il sont très marqués, ne sont pas figés. Petit à petit, les deux amis commencent à déteindre l’un sur l’autre. Jérémiah se fait plus cynique, tandis que Kurdy se surprend à jouer les défenseurs de la veuve et de l’orphelin. Les deux sont en tout cas de plus en plus abattus et désabusés… Le poids de l’âge peut-être ?



Si cette évolution n’est pas inintéressante, elle va cependant de paire avec la perte d’intérêt de la série. Entendons-nous bien : les 20 premiers tomes sont incontournables.

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